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Une indienne suédoise.

Mais de quoi qu’elle cause ? De tissu bien sûr ! Pour mémoire, une indienne est un coton ou un lin imprimé – voir l’article à ce propos . Et suédoise parce que celle qui nous occupe présentement est issue des collections du musée de Stockholm, rééditée par Ikéa il y a plus de 15 ans, hélas ! Si ma mémoire est bonne car je n’ai plus les notes sur la lisière pour la rafraîchir, l’imprimé était daté de 1745.

J’avais confectionné dans ce splendide tissu une robe à la Française et son jupon. Ma toute première de ce style. Et j’étais plutôt fière de moi. Et je n’ai pas UNE photo de cette robe. Pourquoi j’en parle au passé ? Parcequ’elle n’a pas survécu à l’incendie de la maison. J’ai pu en sauver quelques bouts. 😢 . En jouant avec ces derniers, j’ai pu en avoir assez pour faire un casaquin tout simple sans fioriture. Etant donné le motif du tissu, ce n’est pas nécessaire de rajouter quoi que se soit sans risquer d’en faire trop et de contrarier l’ensemble.

Donc me voici en quête d’inspiration…

Bon, mon idée prend forme. A ma tablette et mon stylet !

Pour le patron, je fouille dans mes archives et j’en tire celui-ci qui n’a rien d’historique dans sa version commerciale. Avec deux, trois aménagements, il est une base pratique.

Je m’appuie aussi sur les bouquins de Beth Guilgun (Tidings from the 18th Century – ISBN 1-880655-04-7), de Janet Arnold (Patterns of Fashion 1 – ISBN 978-0-33313-606-5), de Nancy Bradfield (Costume in Detail – ISBN 0-89676-217-3) et de Linda Baumgarten et John Watson (Costume Close Up – ISBN 978-0-89676-226-8). Tous ces ouvrages sont disponibles sur le net. Il suffit de noter le numéro ISBN dans la zone de recherche. Et zou, des bouquins en plus sur les étagères. Et zou, des Euros en moins sur votre compte en banque ! 🤣

Ceci étant posé, j’attaque la coupe. Tissu et doublure sont coupés ensemble car ils sont montés comme une seule pièce. Les devants ont deux épaisseurs de doublure pour conforter le maintien et permettre la mise en place des baleines. Comme je n’ai pas beaucoup de tissu, je laisse tomber les raccords de dessin.

Afin d’éviter que le devant ne gondole sous l’action des rubans, je place 2 baleines de chaque coté. Je farfouille dans ma boite pour en extirper 2 vrais fanons qui proviennent d’un très très vieux stock début 20eme. Il est évident que si ces fanons n’étaient pas anciens, je ne les aurai pas achetés. Je ne donne pas des sous à Sea Shepherd pour rien, non mais !

Ils sont insérées dans 2 gaines au ras de la couture du devant entre 2 épaisseurs de doublure. Les oeillets seront cousus à la main en deça et maintiendront en place le tissu imprimé.

Le montage commence en assemblant le dos (tissu et doublure) à la doublure du coté dos. Comme je suis une très groooooose flémarde, ces coutures sont faites à la machine.

Puis je réduis la marge de couture au ciseau cranteur

Ensuite je couds à la main cette fois-ci car cette couture est visible à l’extérieur le tissu replié sur lui même au niveau de la couture machine. J’utilise du fil de lin que je passe sur un pain de cire pour faciliter son passage dans le tissu ; méthode employée à l’époque. Le fil blanc pour les coutures, le fil bleu pour les oeillets. Soyons coquettes !

Je répète le processus pour toutes les coutures du montage. Puis je replie à l’intérieur les marges de couture de la doublure que je maintiens à petits points

Reste à faire les oeillets pour l’échelle de rubans qui fermera le devant. Pour celui, je sors un outil du 21eme siècle – mon stylo dont l’encre s’efface à la chaleur – et un outil du 18eme siècle – un truc rigolo en fer forgé avec d’un coté un poinçon et de l’autre une mini hache pour fendre les boutonnières. Je les aime beaucoup tous les 2 !

Le corps de la « bête » est terminé. Je passe aux manches. Leur coupe a été un peu sportive car j’avais 2 défis : avoir un grand motif sur l’extérieur et éviter les traces de brûlure. Pas simple du tout !

Les voici terminées avec revers remontés sur le devant par des petits rubans passant dans des oeillets.

Ensuite je les monte sur le corps avec le même principe que les autres pièces : couture d’assemblage machine et replis de la doublure au petit point.

Il reste à faire la pièce d’estomac qui vient se placer sous l’échelle de rubans, maintenue par des épingles sur le corset. Ces épingles sont piquées dans les gros grains de part et d’autre.

Il n’est pas régulier, mon machin ! Boh, pour ce que l’on en voit quand il est porté, ce n’est pas grave 😃

Voilà, nous sommes arrivé(e)s à destination : le casaquin ou juste (2 vocables pour le même vêtement) est terminé.

Et en bonus, et une fois n’est pas coutume : moi dedans lors d’une reconstitution – animation au Château de Lassay (merci à William pour cette image rarissime étant donné que c’est moi qui photographie tout le monde).

Ne faites pas attention à la longueur des manches de la chemise qui ne sont pas archéo-compatibles : mon personnage exigeait que je sois couverte… J’étais un vampire 😈 Les chaussures sont des American Duchess, de vrais chaussons.

Tout ce travail n’aurait pas été possible sans l’aide de mon « Quality Officer » adoré : Miss Bonnie Chat !

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